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POSTE RESTANTE

POSTE RESTANTE

CÉCILE BURBAN // TAMI NOTSANI

2 avril > 23 mai 2015

Commissariat d’exposition : Thierry Fahmy

Texte d’exposition : Roland Chalrémat

Décors défraîchis, vestiges encore chauds du corps des spectateurs, ces salles plus très obscures au Mali, Togo ou au Burkina Faso vivent dans l’attente hypothétique de lendemains plus souriants. Elles restent dans un état de transition incertain, maintenues en vie par la passion d’une poignée de résistants. (Cécile Burban)

À côté, des objets de rien semblent eux aussi en suspens ; désuets, cassés, hors
d’usage, ce ne sont pas des ruines, plutôt des cicatrices du paysage auscultées avec une mélancolie quasi animiste en Israël, Palestine, Kosovo ou en France. (Tami Notsani)

Dans les deux cas l’allégeance à l’esprit des lieux est évidente. Les deux photographes rendent hommage à ce qu’ont été ces lieux, ces personnes et ces objets et ce qu’ils sont aujourd’hui : cabossés, dépréciés, mais trouvant une grâce inouïe sous leurs regards respectifs. Fugit tempus retenu comme quelques grains entre leurs doigts. Ces photographies comme des lettres à la poste restante attendent les destinataires qui leur donneront sens. Nous qui les voyons, donnons une seconde vie spirituelle à ce qu’elles représentent. Mono-no aware « La poignance des choses » en japonais trouve ici sa juste expression avec deux langages, loin de la philosophie occidentale cartésienne, qui épousent l’impermanence, l’éphémère et donne à voir la fragilité de toute chose.


Roland Chalrémat,
Correspondant à la Nouvelle Revue des Arts Contemporains
Professeur d’histoire de l’art à l’université de Paris XII

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TAMI NOTSANI

Lauréate du prix Opline 2014

Née en Israël en 1972, Tami Notsani vit et travaille à Paris et en Israël. Elle est diplômée du Fresnoy et de Bezalel, l’Ecole des beaux-arts de Jérusalem.

Ses photographies montrent un univers familier, soumis à une inéluctable évolution dans le temps, les paysages s’y modifient, les personnes changent d’apparence, les similitudes des repères géographiques se superposent. L’idée d’une identité et sa relation à l’Histoire y devient fondamentale, notamment dans ses récentes installations performatives au sein desquelles les spectateurs sont invités à prendre part.

Anna Olszewska, commissaire d’exposition, 2011

Les traces des hommes s’inscrivent durement dans la nature – dans ce qui reste de nature quand les pelleteuses et les bétonneuses sont passées. Mais tout aussi visibles sont les traces de l’autre combat, celui de la revanche que la nature livre contre les hommes avec l’aide du temps. La route se creuse, les couleurs des crépis s’effacent, les murs tombent, les pierres roulent. Un jour, peut-être, il ne restera plus que d’infimes indices de ce qui fut construit en ces endroits et des populations qui y vécurent. Ces photographies, en apparence tranquilles, sereines presque, renferment en elles des signes de destruction et d’ensevelissement. C’est déjà une raison suffisante pour les observer attentivement.

Philippe Dagen

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CÉCILE BURBAN

Les oeuvres présentées par Cécile Burban sont issues d’un documentaire photographique «Dernières Séances» realisé entre 2010 et 2013 au Mali, au Togo, et au Burkina Faso. De nouvelles photographies prises à Madagascar en 2015 s’ajoutent à cette série.

Malgré un cinéma fort et engagé, et l’adhésion du public, les salles de cinéma du continent africain ferment une à une. Certains pays n’en comptent plus aucune. Pourtant, quelques-unes subsistent, « entre-deux », suspendues entre une forme de mélancolie et un espoir têtu. Chargées d’âme et de souvenirs collectifs, à Bamako, Ouagadougou ou Kara, chacune a son histoire, mais toutes présentent le même motif : une relation profonde tissée avec un homme – cinéaste qui se bat pour la faire revivre, projectionniste qui, amoureux de sa salle, en est devenu le gardien obstiné.

Coup de cœur de la Bourse du Talent 2013, projection du jury des Boutographies de Montpellier 2014, Dernières Séances fait le portrait de ces salles africaines réduites au silence et de leurs veilleurs, projectionnistes sans bobines ou réalisateurs privés de lieux de projection, qui savent que si les hommes construisent les espaces, certains espaces contribuent, eux aussi, à la construction de l’humain.

Beryl Chanteux

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