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D’ICI LÀ, JAILLIRONT DES CASCADES


D’ICI LÀ, JAILLIRONT DES CASCADES

5 juin > samedi 2 août 2014


ALLISON BLUMENTHAL // SYLVIE BONNOT //

MURIEL RODOLOSSE // ERIC TABUCHI //

CLAIRE TROTIGNON



Commissariat d’exposition : Virginie Pislot

Texte et titre d’exposition : Julie Crenn



D’ici là, jailliront des cascades
D’ici là, vogueront les obscurs
D’ici là, glisseront les combats

Alain Bashung – 2043

Le paysage traverse l’histoire de l’art. À travers les siècles, la représentation de la nature implique une singularité esthétique et une philosophie spécifique à une époque. S’il peut inviter à la contemplation, à la découverte du sublime ou à l’appel du voyage, le paysage peut également être envisagé comme un espace critique. L’exposition rassemble les œuvres d’Allison Blumenthal, de Sylvie Bonnot, de Muriel Rodolosse, d’Eric Tabuchi et de Claire Trotignon, qui, par la peinture, le dessin, la photographie et la sculpture génèrent une approche plurielle du paysage. Ils tracent les différentes perspectives d’espaces fantasmés, étudiés, réinventés ou filtrés.

Claire Trotignon et Eric Tabuchi réfléchissent aux utopies architecturales issues de l’imaginaire et/ou de la réalité. Les dessins et sculptures de Claire Trotignon nous invitent à nous plonger au cœur de mondes flottants. Les paysages suspendus dans les airs combinent une nature hostile au sein de laquelle des constructions humaines viennent s’incorporer. Les bâtiments et éléments de construction font référence à l’architecture moderniste dont l’essence et les formes reposent sur une philosophie utopique. Nature et culture cohabitent. Les édifices en béton, en verre et en acier dialoguent harmonieusement avec des paysages à l’état brut. D’une autre manière, Eric Tabuchi construit un atlas photographique de paysages urbains, industriels et ruraux. S’il photographie lui-même les paysages, une partie des images provient de recherches minutieuses sur Internet. Le produit de ses recherches peut ainsi être présenté sous forme de classeurs muraux où une forme architecturale est déclinée selon les cultures, les styles et les époques. L’artiste établit aussi des rapports formels entre les paysages transitoires (chantiers, friches, stations) et l’histoire de l’art. Ainsi, un pont en construction nous rappelle l’œuvre de Serra (Monument, 2010) ; une vénus privée de bras résiste parmi des containers en métal (Station (Vénus), 2010). Entre rêve et cauchemar, les photographies constituent un répertoire de formes soulignant le rapport dominant-dominé entre l’Homme et la nature. Un rapport complexe que nous retrouvons au cœur des peintures sous Plexiglas de Muriel Rodolosse. Les paysages et les architectures fragmentées sont à la fois les décors et les survivances d’un monde post-apocalyptique. Le corps, qu’il soit humain ou animal, peine à trouver sa place tant le rapport spatial est perturbé. Entre conte fantastique et vision dystopique, les paysages de Muriel Rodolosse adoptent un visage inquiétant. Un caractère étrange que partagent les œuvres d’Allison Blumenthal et de Sylvie Bonnot, qui, par le dessin et la photographie s’attachent à la restitution de traces. Les photographies d’Allison Blumenthal accentuent le dessin naturel des paysages dont la richesse topographique engendre des compositions quasi abstraites. Une approche empirique et troublante présente dans ses cartographies dessinées où les reliefs, les réseaux, les ombres et les nuances révèlent les aspérités terriennes. Par l’expérience photographique, Sylvie Bonnot façonne et redessine les paysages polaires. Des images auxquelles elle applique différents gestes : elle prélève délicatement leurs peaux (Petites Mues), elle froisse et structure les photographies qui se font sculptures. En travaillant l’épiderme et le corps des paysages traversés, l’artiste dévoile les traces d’une rencontre sensible et charnelle. Les cinq artistes déploient un ensemble de paysages où réalités et fictions s’entrecroisent au profit de visions poétiques, critiques, narratives ou sensorielles. Leurs projections, oscillant entre fantasme et désenchantement, livrent par fragments une dichotomie où le déclin et la résurgence s’articulent au moyen de temporalités croisées.

Julie Crenn

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