Pour inaugurer le nouveau projet des expositions ONE SHOT, nous avons fait la proposition à Emmanuelle Leblanc d’investir ce nouvel espace de la galerie avec une de ses dernières installations « Ninfa », présentée pour la première fois à Bordeaux.
Emmanuelle Leblanc
« Ninfa »
jeudi 20 > mercredi 26 février 2014
Emmanuelle Leblanc développe un travail de peinture à mi chemin entre le photo-réalisme, la tradition du portrait et le « colorfield ». L’oeuvre d’Emmanuelle Leblancest emprunte de références historiques et techniques distantes voire duelles, fascinée aussi bien par l’image digitale que par les icônes picturales.
Ses dernières peintures présentent des surfaces immatérielles : modelés lumineux, ombres portées, rémanences colorées qui racontent la lente échappée de la sphère iconique vers un minimalisme plus perceptuel. Son travail évolue progressivement vers une disparition de plus en plus significative de l’image.
Ces oeuvres tentent de réactiver -que ce soit de manière formelle, iconographique, symbolique ou technologique- une certaine notion d’aura.
Emmanuelle Leblanc est artiste et commissaire d’exposition.
Elle a cofondée la structure Pleonasm en 2013, plateforme de promotion et de diffusion d’artistes contemporains européeens, dont l’exposition pilote (Phosphène) #0 a été présentée à Bordeaux.
Ninfa
Ninfa est une apparition. Ambivalente et polymorphe, elle est à la fois nymphe, ange, fantôme, idole chrétienne, héroïne païenne, allégorie antique.
Représentée sous les traits d’une figure acéphale vêtue d’un drapé blanc victorieux flottant au vent, elle reflète différents possibles. C’est une figure auratique passée et présente dont le nom générique est emprunté à l’historien d’art Aby Warburg qui qualifiait ainsi demi-déesses et fantômes féminins, qui reviendraient sans cesse sous différentes formes à travers les siècles de notre culture visuelle.
A l’origine, Ninfa émane d’une simple photographie basse résolution prise à la volée mais les différentes variantes réalisées autour de cette hypothétique figure lui ont procuré progressivement l’aura d’une figure emblématique.
Pour cette dernière version, Ninfa s’incarne dans une installation, mi sculpturale, mi picturale. La figure peinte est représentée « tête » en bas et est inclinée au dessus d’un miroir d’eau noire, révélateur sensible venant la refléter complètement. Insondable, à la limite de l’informel, la grande forme blanche ne devient discernable qu’au travers de son reflet, restituant ainsi son sens de lecture habituel. La réflexion offerte par cette pièce d’eau propose une lecture apparemment plus accessible que l’image elle même, mais ne fait que redoubler le simulacre d’une image peinte. Un trompe l’oeil, une mise en abîme, plus encore, un amphisbène qui n’est pas étranger à l‘allégorie de la Caverne et à l’Eidôlon grecque ainsi qu’ au mythe de Narcisse.
L’exposition « Ninfa » sera visible du jeudi 20 février au mercredi 26 février.